Toutes les grandes religions du globe ont leur lieu de culte à Saint-Raphaël ou à Fréjus. Balade dans un patrimoine béni des dieux. Cathédrale contre basilique
La cathédrale de Fréjus affiche un âge canonique. « Son baptistère date du Ve siècle tout comme le mur à gauche de l'entrée », indique Patrice Guerre, son archiprêtre. Selon la tradition catholique, c'est ici que saint François de Paule aurait prié, en avril 1482, pour que cesse la propagation de la peste dans la ville. Une dévotion particulière lui est rendue depuis 1720, date à laquelle une nouvelle épidémie épargna « miraculeusement » la cité. Si Saint-Raphaël ne dispose pas d'une cathédrale, sa grande église Notre-Dame de la Victoire édifiée en 1887 selon un plan d'inspiration byzantine a été, quant à elle, élevée au rang de basilique par le pape Jean-Paul II en 2004.
Voyage en Asie Le périple ne dure pas plus de cinq minutes (la pagode est située à moins de 2 kilomètres du centre de Fréjus) mais, sitôt passé son portail, le visiteur est transporté en Asie. Construite en 1917 pour les soldats d'origine annamite venus combattre en Europe, la pagode Hong-Hien est placée sous le patronage de l'ordre Sangha du bouddhisme vietnamien. Agrandi au début des années 70, à l'instigation du patriarche Thich-Tam-Chau, ce haut lieu spirituel propose une promenade entre des statues colorées retraçant l'histoire de Bouddha de sa naissance en 624 avant J.-C. aux alentours de Bénarès à sa mort à 80 ans à Kusinagara. Orné du plus grand bouddha couché d'Europe (10 mètres de longueur) et d'une cloche de 2 tonnes, copie conforme de celle du temple céleste de Huê, ce grand jardin invite bouddhistes et non-bouddhistes à la méditation. De grandes fêtes y sont célébrées à la fin du mois d'août. Un petit air d'Afrique C'est une réplique de la mosquée de Djenné, au Mali. Achevée en 1930, cette missiri (comme on désigne en langue locale les lieux de culte musulman) a été achevée en 1930 par les troupes du capitaine Mademba. « Les Annamites ont leur temple, les Malgaches leur théâtre mais les tirailleurs sénégalais n'ont rien », se serait-il plaint à son état-major. C'est pour répondre à l'attente de ses soldats que cet édifice fut donc construit. « A l'ombre des pins parasols, on édifia aussi une réplique de village africain [aujourd'hui détruit, NDLR] ainsi que de fausses termitières en béton pour que les hommes qui étaient cantonnés à Fréjus puissent soigner leur mal du pays en déambulant dans un paysage familier », indique Philippe Cantarel, guide-conférencier à l'office du tourisme qui propose de visiter les lieux. Inscrite sur la liste complémentaire des monuments historiques, cette mosquée, installée sur des terrains militaires, n'a cependant jamais vraiment servi de lieu de culte : juste de décor ! Un petit bout de Russie « Les Russes affectionnent la Côte d'Azur depuis longtemps », glisse dans un sourire Ludmila Trifonova-Romanowska. On ne compte plus les artistes ni les têtes couronnées qui ont quitté, momentanément ou définitivement, Moscou ou Saint-Pétersbourg pour le climat plus clément de la Riviera à la fin du XIXe siècle. L'origine de la communauté russe de Saint-Raphaël remonte à l'arrivée, au lendemain de la Seconde Guerre, de réfugiés de Mandchourie chassés des villes de Harbin et Shanghai par les Chinois. En 1957, deux hôtels (l'Hermitage et le Diana) sont transformés pour accueillir ces émigrés russes et une chapelle orthodoxe est aménagée dans un des salons. Mais le lieu s'avère vite exigu. C'est sur l'initiative de Mgr Méthode, évêque de Campanie, et grâce aux efforts du père Michel Troukhine qu'une chapelle est finalement édifiée dans le jardin en 1961. Dédiée à Saint-Raphaël, il s'en fallut pourtant de peu que l'église ne soit détruite en 2003. « Un promoteur voulait la raser pour construire une piscine mais, grâce au maire, Georges Ginesta, le lieu a été préservé », témoigne Ludmila Romanowska. Fort heureusement ! Car une nouvelle vague d'immigrés russes arrive depuis cinq ans dans la région. Pour l'amour de la Torah Président de la communauté juive depuis près de quarante ans, Gabriel Aymard n'en revient toujours pas. « Lorsque nous avons fondé la synagogue en 1962, nous n'étions que quatre familles. Nous sommes aujourd'hui près de deux cent cinquante. Et même mille lors des fêtes », s'enthousiasme cet architecte né à Meknès. Si l'on sait que des juifs vivaient ici depuis le Moyen Age, comme en témoigne la toponymie ancienne de plusieurs rues de la ville, il n'y avait pourtant jamais eu de lieu de culte israélite dans la commune, évêché oblige. Le rapatriement de nombreuses familles d'Afrique du Nord au début des années 60 change la donne. André Léotard, maire de l'époque, accorde le permis de construire et la communauté s'épanouit. « Nous disposons désormais d'un cimetière et d'un centre culturel très actif, grâce au don de la famille Teboul », indique Gabriel Aymard, qui entretient avec les représentants de tous les autres cultes les relations les plus cordiales. Les protestants ont ainsi pu compter, l'an dernier, sur l'hospitalité de son centre communautaire lors des travaux de leur temple. Parfum d'Arménie Le Home arménien accueille, depuis 1959, des personnes âgées dans une maison médicalisée située au 107, avenue du Maréchal-Lyautey, à Saint-Raphaël. C'est au sein de cette institution qu'a été édifiée une petite église dédiée au culte arménien en 1975. « Sa construction a été permise par le legs de Mme Diarbekerian, qui souhaitait faire un don à la ville en mémoire de son mari. C'est aujourd'hui la seule église arménienne du Var », indique Nathalie Viteau, directrice de l'établissement et, par ailleurs, conseillère municipale. Conçue comme les églises traditionnelles en forme de croix, l'église est ornée d'un crucifix en pierre (le traditionnel khatchkar) qui a été béni par le catholicos (homologue du pape) Karékine II en 2002. Faute de fidèles, la maison de retraite ne compte plus que 2 Arméniens sur 73 pensionnaires, la chapelle est régulièrement prêtée aux catholiques pour des cérémonies. Un prêtre arménien, venu de Nice, y tient néanmoins plusieurs offices par an : pour Noël (célébré le 6 janvier) et la célébration du raisin (le 15 août). Le cimetière local compte également un ossuaire où sont enterrés tous les Arméniens de la région. Une église pour touristes anglais L'église Saint John, dédiée au culte anglican, a fêté l'an dernier son centenaire. Une chapelle, fondée par le révérend Dyce, préexistait déjà à Valescure dès les années 1880. Placée sous le patronage de tous les saints, ce lieu de culte s'avéra cependant trop petit pour faire face à l'afflux de touristes britanniques au début du XXe siècle. C'est alors que fut décidée la construction de l'église Saint John. Agrandie dans les années 20, abandonnée pendant la guerre avant d'être reconsacrée en 1948, elle est aujourd'hui administrée par le révérend Benjamin Eaton, seul prêtre anglican du département et, à ce titre, débordé par les demandes de ses coreligionnaires, de plus en plus nombreux dans la région. Un monument scandinave Le temple protestant de Saint-Raphaël a, lui aussi, été fondé par et pour des touristes. « A l'origine de notre église [en 1884, NDLR] se trouvent plusieurs familles scandinaves désireuses de se rencontrer », témoigne son pasteur, Philippe Perrenoud. C'est cette origine nordique qui explique son style architectural si particulier. La communauté protestante de la ville compte plus de 200 familles. « Mais, comme notre temple est le seul de l'est du Var, nous comptabilisons en réalité plus de 500 familles », explique Philippe Perrenoud. Source : lepoint.fr, Baudouin Eschapasse |